Maison – 2 rue du Grand-Marché

Localisation :

Tours, 2 rue du Grand-Marché ; 1 rue du Change

Dates :

1ère moitié du XVIe siècle

État du batiment :

Conservé

Maison – 2 rue du Grand-Marché.
Crédits : photo © Léa Dupuis

La maison borde l’un des principaux carrois de Tours, le Carroi aux Chapeaux (l’actuelle place Plumereau). La place offre assez de recul pour admirer les façades de la maison. Cette parcelle d’angle présente un plan rectangulaire, le plus grand côté longe sur 11,5 m la rue du Change et le plus petit côté s’étend sur 6,20 m sur la rue du Grand-Marché [Bonnin, 1979, p. 167]. Particularité propre à cette maison d’angle, le comble à ferme débordante sur chaque façade présente deux pignons réunis par des noues.

La maison se développe sur six niveaux, composés de deux niveaux de cave, un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un comble. Le rez-de-chaussée est en pierre tandis que les étages sont en pan de bois. Les étages en encorbellement reposent sur des chapiteaux de pierre retombant sur des colonnes engagées qui sont ancrées dans le mur du rez-de-chaussée. La saillie est très faible pour que la poussée des étages s’exerce sur le mur de pierre. Sur les sablières de chambrée apparaît un ornement issu du vocabulaire de la Première Renaissance : une frise de glyphes.

 

Frise : maison – 2 rue du Grand-Marché.
Crédits : Photo © Ophélie Delarue.

 

Sur la place, la Travée centrale se compose de deux croisées et d’une fenêtre à meneaux à l’étage de comble. Sur la rue du Change, une demi-travée est accostée de chaque côté d’une travée de croisées et, à l’étage de comble, de fenêtres à meneaux. Les éléments gothiques s’observent sur les croisées et demi-croisées aux angles supérieurs arrondis, aux encadrements à tores soulignés de gorges, aux jambages et meneaux qui retombent sur des bases prismatiques et aux appuis saillants. À Tours, les ornements gothiques restent très en vogue sur les maisons en pan de bois, les ornements de la Première Renaissance étant assez rares (39-41 rue Colbert, Maison 1 place du Grand-Marché). Aussi, cette association d’éléments renaissants et d’éléments gothiques permet-elle de dater la maison autour de la première moitié du XVIe siècle [Noblet, 2013, p. 210]. Des marques de tailleur de pierre sur des cheminées du premier étage sont accompagnées de deux dates, 1533 et 1536, correspondant sans doute aux dates de construction des cheminées (réalisées peut-être quelque temps après le gros-œuvre de la maison) [Bonnin, 1979, p. 167].

 

Croisée : maison – 2 rue du Grand-Marché.
Crédits : Photo © Ophélie Delarue.

 

L’emploi de croix de Saint-André est réservé aux premier et deuxième étages tandis qu’une ossature à grille caractérise l’étage de comble. Sur la rue du Change, le deuxième étage dispose d’une ossature mixte, à croix de Saint-André et à grille. Si l’authenticité des motifs géométriques dessinés par les hourdis de briques des maisons des n°6, 8  et 10 de la rue du Grand-Marché n’est pas prouvée, ceux de cette maison sise au n°2 sont attestés par les anciennes photographies. Ils ont également été relevés par les architectes Albert Laprade en 1942 et Albert Archambault en 1965, avant la restauration [Noblet, 2013, p. 205]. Des exemples de briques taillées ou disposées obliquement de manière à suivre l’orientation des pièces de bois des croix ou des losanges sont bien connus à Tours, tout comme à Orléans, pour le XVIe siècle [Alix, Noblet, 2013, p. 36].

 

Maison à l’angle de la rue du Change et 2 Rue du Grand-Marché, façades est et sud relevées en 1965 avant restauration par A. Archambault (Coll. part.), extrait de Noblet Julien, « L’architecture en pan de bois à Tours : nouvelles perspectives » dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.

 

La maison comportait deux pièces par niveaux. Il existe une vis en pierre au niveau de la cave. Il est possible que la vis des étages se soit située dans son prolongement. Au XVIIe siècle, un escalier à volée droite est aménagé, et avant que les croisées des fenêtres ne soient restaurées vers 1965-1969, elles sont supprimées au profit de vantaux à petits-carreaux. 

 

Bibliographie

Alix Clément, Noblet Julien, « Les maisons en pan de bois de Blois : réévaluation du corpus d’une ville ligérienne XVe-XVIe siècle », dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.
Base POP, IA00071298 et PA00098234.
Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art, sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979]. 
Noblet Julien, « L’architecture en pan de bois à Tours : nouvelles perspectives », dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.


Lien vers la fiche associée :

Les maisons en pans de bois